Sonate à Pierre
- Margot de Jubécourt
- 24 sept.
- 2 min de lecture
Que s'est-il passé il y a quatorze ans ?
Comment Pierre s'est-il noyé ?
Michel, son père, a enquêté. Il a tâtonné, ouvert des pistes, il s'est même trompé de conclusion...
Mais a-t-il fini par comprendre ?
Dans cette chanson adressée à son fils, il livre des indices...
Cette chanson est tirée de La partition du silence, mon 5e roman.
Pierre.
Nous n'avons pas choisi ce prénom au hasard.
Il t'était destiné
De toute éternité.
L'homme a besoin de pierres solides
Où poser les pieds
Pour se tenir droit
Dans les ouragans.
Pierre humble et souillée de terre,
Ou diamant baigné de lumière,
Pierre anonyme
Dressant avec ses semblables
Le haut clocher d'une splendide cathédrale,
Chacune prend sa place au projet merveilleux,
Chacune, immuable, parle de Dieu,
Humble et pauvre, elle console, elle soutient,
Elle élève, elle brille
Quand on prend le temps de la polir.
Elle œuvre en silence,
S'agenouille aux pieds d'une majesté plus grande qu'elle.
Elle trace les chemins vers le ciel.
Les montagnes, les falaises,
Les églises, les châteaux,
Et nos cœurs d'hommes orgueilleux doivent s'en inspirer.
Elle contemple le monde en silence,
Elle protège nos foyers de l'hiver,
Elle construit des voies d'éternité
Et c'est ce que nous voulions pour toi.
C'est ce que nous voulions pour toi.
Le poids de la pierre
Qui fait sa force
Est aussi sa faiblesse
Si elle n'a plus de racines
Pour la soutenir.
Alors la pierre s'effrite
Sous la pluie torrentielle,
Se laisse précipiter dans la gravité du monde.
Elle roule son chagrin
Sur les flancs de montagne,
Entraînant dans sa chute
Ses modestes compagnes,
Jusqu'en bas,
Jusqu'à l'eau
Qui la noie dans le mensonge des ténèbres,
L'engloutit,
La dévore,
Et la fait disparaître.
Et je pleure.
Et je pleure,
Inconsolable.
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