- à Victorine -
L’océan s’est noyé dans tes yeux lumineux,
Et ses vagues martèlent tes heures d’absence,
Happant à chaque fois dans leur lente cadence
Les petits bouts de plage de nos jours heureux.
Le sablier se vide de ses grains d’espoir
À mesure qu’on cherche dans tous les fourrés,
Angoissés de te perdre autant que de trouver
Les traces d’un malheur qui nous hante le soir.
Et ta disparition devient apparition
Pour le monde entier qui ne te connaissait pas.
Ton visage s’impose dans tous les médias,
Tandis que nous luttons contre mille questions.
Dans ce fragment de temps, cette paire de jours,
Tout se joue, tout s’espère mais on ne sait plus
Ce qu’il faut attendre : la fin ou le début
D’une histoire blessée à jamais, à toujours.
On croit que te trouver sera soulagement,
Mais te voilà enfin, mais te voilà déjà…
C’est trop tard, c’est trop tôt pour un si grand fracas !
Le monde en silence se vide de son sang.
Bercés par ton rire au parfum de paradis,
Nous avons fait l’erreur de te croire immortelle.
L’océan se déchire, et avec lui le ciel,
En sanglots incrédules, en longues insomnies.
Dans ce château de larmes pourtant, le son clair
De ta voix sonne encore, modulé sous le coup
D’une blague, d’un jeu ou de quelques mots doux,
Alors j’avale mon cri, je prie et j’espère.
Debout sur la plage avec toi, petite sœur,
Les deux roues enlisées, la carcasse rouillée,
Battue par les tempêtes et brûlée par l’été,
J’admire l’océan qui porte tes couleurs.
Opmerkingen