Par les grands froids d’hiver, deux pigeons esseulés,
Deux points de suspension blottis dans une niche,
Se lovaient dans leurs plumes en lorgnant les péniches
Qui glissaient sous le pont d’Avignon. Ils pensaient :
« Ces satanés hommes et leurs sacrées compagnes,
Ont-ils donc la bougeotte à naviguer sans trêve
Quand la nuit est glaciale et la journée si brève !
Ils se moquent de nous, mais à la fin qui gagne ?
Ce bon mot de « pigeon » qu’ils se lancent en riant,
N’est-il pas plus plaisant que la posture d’Homme ?
Car c’est lui qui travaille et qui s’épuise, en somme,
Pour nous donner le pain dont nous sommes friands.
Ami, attends ici, il se trouvera bien
Quelque âme fatiguée qui par mégarde aura
Laissé rassir son pain. Reste et contemple là
La vie qui se dessine en attendant demain. »
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